3 jours – reset – same player try again

Il a fait froid. Il a plu. On a perdu des tas de trucs. On n’a pas fait la moitié de ce qu’il avait prévu. C’était magique.

J’ai rencontré Der Lokomotiev fin 2017, après un an et demi de célibat suivant 7 ans seule en couple. Der Loko, el loco qui au lieu de rencontres occasionnelles loin des gosses a choisi de ramener ses meubles et apprivoiser mes deux zébulonnes. Sur le papier le garçon a tout pour lui : aime le vélo et cuisiner veggie, aime entre autres le voyage a vélo, ce qui me fait rêver depuis que j’ai découvert que je pouvais rêver – un an ou deux avant d’arrêter – beau gosse, non-fumeur, mon âge, pas d’enfants mais gaga de sa filleule, etc. Et en réalité ? Tout ça et plus.

Ouais.

Et encore plus.

Mais ayant moi-même, il y a 9 ans, commencé une relation avec un homme avec enfant, je sais que tout ne va pas de soi. Que je dois faire le nécessaire pour que chacun trouve sa place et assez d’amours. Ma vie de mère célibataire ayant renforcé mon coté « control freak », je sais que je dois lâcher du lest. Et les filles souffrant clairement des tensions avec leur père depuis quelques mois, nous avons décidé d’aller prendre l’air et les pédales quelques jours. L’occasion d’offrir une parenthèse à notre petit quatuor et voir comment les choses se passent.

En bonne mère célibataire, ma zone de confort est d’avoir les mains sur mon propre guidon et toujours 4 doigts sur les freins. Et puis j’aime naviguer, découvrir les cartes, savoir où je suis et choisir où je vais. Accepter de partir en convois exceptionnel, tandem et chariote, était donc un challenge et un symbole.

Les filles ayant annoncé qu’elles voudraient dormir sous la tente, nous voilà donc ravis de partir pour 3 jours de camping à la frontière des Pays-Bas, juste à côté de la réserve Het Zwin – à quelques kilomètres de Knokke. Partis le jeudi matin vers 9h30, nous arrivons vers 14h30 après avoir pris de temps de s’arrêter pour regarder les lièvres jouer dans un champ, un oiseau de proie se planquer dans les bois, déjeuner en compagnie de deux ânes, et compter les moutons.

Bart nous avait préparé une tarte au riz. Très exotique pour moi en tant que parisienne mais teeeeeellement bon. La sienne, du moins. Après une journée à 100% d’humidité dans l’air mais sans pluie, il commence évidemment à pleuvoir au moment où nous déballons la tente – pour la première fois. Et où nous découvrons qu’un de nos sacs de couchage s’était fait la malle. Ou plutôt avait quitté la nôtre. Sans doute l’appel des pavés ou des petits sentiers à VTT par lesquelles nous avions trainé la chariotte.

Le fait qu’on ne se soit pas engueulés dans cette demi-heure me donne confiance pour les 70 années à venir. Tout le monde sait que des couples de 10 ans se détruisent autour d’un mode d’emploi IKEA. Découvrir une tente familiale avec la pluie, la faim, la soif, la fatigue, la perte d’un sac et deux gamines qui éparpillent les sardines et se prennent les pieds dans les bouts, et être juste heureux d’être là, ensemble, et d’aller faire une virée à Knokke pour trouver un nouveau sac… J’ai déjà remarqué que les gens à vélo sourient plus, mais là… Probablement le pouvoir du tandem : qui qu’il arrive, nous somment tous liés. Et tout se passe mieux si on s’écoute. Et on s’écoute mieux en étant détendus. Et lâcher prise est parfois ok. Et peut permettre d’être plus présent à ceux avec qui on est. Voire à soi-même.

Au final, notre tente était plutôt chouette, entre agneaux et cigogne, et autant de chaleur que 4 personnes peuvent produire. J’ai vu mes poupettes se détendre d’heure en heure, profiter de tout ce qu’elles pouvaient, et nous aussi. Faire du trampoline, nourrir les agneaux et leur maman, manger des glaces, approcher les cigognes, fuir les crocodiles, manger des glaces, découvrir qu’un sac de couchage ultra fin n’est pas fait pour être étiré, faire du trampoline, brailler « je veux voir la mer » au milieu de l’enregistrement d’un mini-docu sur le baguage des oiseaux, aller à la mer, passer à la télé, dépoiler les moutons, aller chercher des asperges fraiches directement à la ferme, manger des glaces… et faire du tandem, et lâcher prise, et l’accepter, et en profiter… le reste de nos trois jours était une fête continue.

Ce matin, Bart n’était pas avec nous. Toujours soucieuse de savoir comment mes gens se sentent les uns avec les autres, je demande aux filles à la table du petit dej :

 Alors, vous en pensez quoi, vous avez envie qu’il reste, Bart ?

Ouiiii !

Noooonnn….»

Verdomme, c’est compliqué les gosses, je ne sais pas ce qu’il faut faire.

Mais la petite voix continue :

– « Il reste beaucoup beaucoup trop longtemps pas là »

Ah.

– « OK, je la refais autrement : la vie en général, c’est mieux avec ou sans Bart ? 

– (en cœur) Avec !! »

On est d’accord. J’aime ces fifilles. Et me réjouis de nouveau du printemps. Et des virées en tandem à venir. Et de la vie en général. Et surtout avec.